Quelle émotion que celle de plonger, par la magie d’un roman, dans les profondeurs de l‘émerveillement ! Charlie Tangaroa et la créature des abysses , c’est d’abord la rencontre inouïe de deux frères, Charlie et Robbie et d’une sirène échouée sur la plage. Cette scène inaugure une aventure haletante, portée par la voix singulière de Charlie, adolescent attachant, plein de ressources, en quête de réponses et de justice pour son village menacé par les tempêtes et les séismes.

L’autrice, Tania K. Roxborogh, tisse un récit où la mythologie maorie infuse chaque page. Les légendes chantées par Charlie, héritées de la culture de ses ancêtres, se dressent face au fracas du monde moderne : là où la construction d’un port menace les équilibres naturels, la mer et ses dieux réclament écoute, respect, réconciliation. Mais ici, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir : le roman repousse la tentation du manichéisme, préférant la nuance et l’humanité des personnages, portés par leurs doutes, leurs convictions et leur tendresse.

Ce qui bouleverse, au-delà de la magie du surnaturel, c’est la force tranquille de Charlie : sa différence n’est jamais présentée comme un frein, mais comme une force précieuse, source de courage et d’ouverture aux autres. Chaque péripétie devient prétexte à questionner ce qui nous relie : la solidarité, la diversité, la fragilité du vivant. À travers la voix de la sirène Po-Nuia et les regards croisés sur le monde, le texte invite à réfléchir à notre lien intime avec la nature et à la valeur de l’altérité.

Du suspense, de l’émotion, une Nouvelle-Zélande tour à tour magique et réaliste… ce roman est une bulle d’aventure, de poésie et d’humanité. Il s’adresse à tous ceux, petits ou grands, que la beauté des mythes fait vibrer, qui cherchent des histoires sincères et lumineuses, où la différence et la solidarité sont célébrées, et où l’écologie se vit en actes, au fil des pages. J’en suis sortie avec la sensation rare d’avoir voyagé loin... Plus vivante, plus connectée au monde et assurément touchée par la profondeur de cette histoire.